- Accueil
- Comment assurer la montée en puissance du biocontrôle ?
Comment assurer la montée en puissance du biocontrôle ?
Le déploiement des solutions existantes est pénalisé par l’absence de références technico-économiques et la séparation vente/conseil tandis que des freins réglementaires pénalisent l’innovation, selon un rapport du CGAAER. Ce dernier invite par ailleurs à déployer les synergies entre la Stratégie nationale de développement du biocontrôle (SNDB) en cours de révision, et le Grand défi biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie (GDBBA), instauré en 2024.
Selon le baromètre du biocontrôle, établi depuis plus de 10 ans par Alliance Biocontrôle, représentative de 80% du marché français, le total des ventes de solutions de biocontrôle en France s’est établi à 308 millions d‘euros en 2024, représentant 12% du marché national de la protection des plantes. Il reste 6 ans pour atteindre les 30% de part de marché que ses promoteurs visent à l’horizon 2030. Ils peuvent escompter le soutien de la puissance publique, via la Stratégie nationale de développement du biocontrôle (SNDB), plus précisément sa deuxième mouture attendue d’ici à la fin de l’année, succédant à la SNDB 1 (2000-2025). Cette dernière a été intronisée par la loi Egalim d’octobre 2018, qui stipule, à l'article L. 253-6 du Code rural, que « le plan d'action national fixe des objectifs quantitatifs et les moyens d'y parvenir, tout en définissant des mesures pour développer les produits de biocontrôle ».
Une offre restreinte par des rigidités réglementaires
Selon les indicateurs de la SNDB, 768 spécialités étaient commercialisées au 15 mai 2023 (pour un objectif de 750 en 2022), 564 macro-organismes autorisés (pour un objectif fixé à 420 d'ici 2025), le tout permettant d’offrir au moins une solution de biocontrôle pour 53,8% des usages (pour un objectif de 50 % en janvier 2022. Si les chiffres sont plus qu’honorables, les acteurs de biocontrôle attendent depuis des années une définition et une reconnaissance officielles du biocontrôle à l’échelon européen, préalable à une réglementation dédiée. Une requête reprise à son compte par le Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAAER) qui recommande de poursuivre les travaux sur la définition du biocontrôle et l'élaboration d'un cadre harmonisé au niveau européen pour adapter les règles établies pour les produits phytosanitaires conventionnels, notamment en prévoyant la délivrance d’AMM provisoires. Le rapport recommande par ailleurs d’étudier la possibilité de déroger systématiquement à l'obligation de destruction de récolte pour les substances déjà approuvées au niveau européen, tout en garantissant la sécurité de l'utilisateur et de l'environnement.
Une adoption entravée par le manque de références et de conseil
Si la levée des freins réglementaires est potentiellement de nature à accroître l’offre de produit, le niveau de diffusion et de d’adoption des solutions existantes n’est pas à la hauteur de l’offre actuelle, pointe le rapport. En cause ? « Des contraintes réglementaires ne permettant pas de déployer rapidement les produits de biocontrôle, des solutions jugées souvent moins efficaces que des produits phytosanitaires classiques et plus onéreux et enfin un défaut de formation et d’informations techniques pour utiliser des solutions souvent à efficacité partielle et donc à combiner ». Et de recommander de mieux intégrer les distributeurs (coopératives, négoces) et organismes de développement / conseil), en revoyant la séparation vente/conseil « qui ne permet pas aux distributeurs d’apporter le conseil nécessaire à l’utilisation des biocontrôles » et en réalisant un bilan du dispositif CEPP sur la thématique biocontrôle et en lisant les améliorations envisageables.
Le rapport s’interroge par ailleurs sur le rapport entre le niveau d’efficacité et le coût des solutions de biocontrôle et recommande d’envisager une révision des critères d'évaluation de l'efficacité. « Le travail reste à faire en recherche / développement pour générer plus de solutions avec une efficacité mesurée et un coût acceptable », tranchent les rapporteurs.
Le télescopage de la SNDB et du GDBBA
Le rapport recommande enfin d’optimiser la synergie entre la SNDB et le Grand défi biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie (GDBBA). Ce dernier a été intronisé par la Stratégie Ecophyto 2030 publiée au printemps 2024. Ce programme, dont la gestion a été confiée à l'Association pour le biocontrôle et la biostimulation pour l’agroécologie (ABBA) bénéficie d’un financement « substantiel » de 60 millions d'euros, dont 42 millions proviennent de France 2030, complétés par 18 millions d'euros de contributions du secteur privé. « La répartition des missions entre la Stratégie nationale et le Grand défi reste à définir », relève le rapport, recommandant que la SNDB garde son rôle de de « pilote et de définisseur des grandes orientations » et que le GDBBA se place quant à lui comme un « catalyseur des interactions des acteurs disposant des moyens financiers de ses objectifs, tout en contribuant à définir le volet opérationnel ».